mercredi 22 septembre 2010

La pèche aux moules

Samedi matin, je me suis réveillé tôt, avec la marée basse pour aller prendre le large. Comment pourrais-je vous dire? Même les mots me manquent. La mer ici est exceptionnelle, magnifique, grandiose, avec ses îles de granit rose et de lichen. Le soleil radieux me chauffait les joues sur le speed boat, l’air marin collait à ma peau, les baleines nonchalantes, faisaient des cercles au coté du bateau pour ramasser le plancton et les oiseaux me saluaient. J’ai fait une balade entre les milliers d’îles de ce fjord, toutes plus majestueuses les unes que les autres. Au passage, je croise un chalutier pêchant des pétoncles princesses et j’amerris dans une anse. C’est là que l’expérience commence. J’enfile une salopette de pêche. Un truc immonde, en toile cirée vert, faisant botte de pluie et pantalon. Bon, ce n’est pas grave, je ne m’en vais pas à un défilé de mode et les moules en ont cure que je les pêche avec élégance, elles finiront dans un chaudron. Ainsi va la vie qui va. Armée de mon râteau et de mes gants de vaisselle, je débute ma chasse…. Je traque les belles grosses moules bleues. Mon nouvel « outfit » fuit, j’ai les pieds qui trempent dans l’eau de mer. Ça fait bien rigoler tout le monde. : « Aller la Montréalaise, faut s’endurcir un peu!!! » Pas d’échappatoire possible, au boulot!!!! Après quelques heures, exténuée, je file me coucher dans un irrésistible matelas de lichen, histoire de travailler sur mon bronzage. C’est bon. Le soleil me réchauffe sous ses 20 degrés, caressés par la brise de la mer. J’ai une vision du paradis. Non de la vie. C’est ça la vie. De la pure beauté.

Un dernier mot.

Vous n’avez jamais mangé de moules si vous n’avez pas mangé des moules sauvages. Ça n’a strictement rien à voir avec ce qu’on achète même à la poissonnerie. D’ailleurs, je pense que le fait même des acheté les rendent moins bonnes. Imaginez 100 livres de moules fraîches du jour pour 0$. En partant, elles sont meilleures…. Cuites dans un court bouillon salées à la perfection ( oui oui, l’eau de mer sale à la perfection….) Elles sont dodues, charnues, goûteuses. J’avais toujours relégué les moules comme un fruit de mer de deuxième ordre, mais après en avoir mangé des sauvages, je peux vous assurer que c’est une des meilleures choses au monde.
J’ai quelque peu délaissé mon blog ces temps-ci. Excusez-moi. Ce n’est pas facile de vivre une rupture amoureuse et d’apprendre à composer avec une tout autre réalité. Oui ici la vie est bien différente. Pour ceux qui pensent qu’ici c’est le Québec, je vais vous dire non. Les réserves autochtones en régions éloignées ne sont pas le Québec. Je n’ai pas vraiment envie, ni l’énergie d’expliquer le comment du pourquoi aujourd’hui. Simplement d’affirmer que Pakua Shipi, ce n’est pas Montréal, pas Québec, Sherbrooke, Chicoutimi, Rimouski, Sept-Iles, ni même St-Augustin, le village voisin. Et d’ailleurs, je détale autant à Pakua que sur un marché au Cambodge. Un autochtone passerait plus incognito que moi en Asie. Avec leur chevelure noire, leurs yeux en amandes et leur teint mat. De toute évidence, je suis la seule blonde du village. Mais dans tout ça, il y a la solitude. Être confronté à soi, sans échappatoire, sans divertissement. Je ne peux pas aller au resto, aller boire un verre sur Mont-Royal, faire une virée magasinage, lire les journaux dans un café, aller au ciné ni même à la grande bibliothèque. Rien. Je suis moi, en face de mes pensées. Alors quand les pensées piquent du nez, il n’y a pas d’autres choix que de les encaisser. Et parfois, ça fait mal.